Commémoration de la Bataille de Grand Port
Cette année, était commémoré, à Maurice, le bicentenaire de la bataille du Grand Port. La France devait assurer la « fermeture » des festivités. Présidente de l’UFE Curepipe, et Conseillère élue à l’AFE, Michèle Malivel s’est totalement investie dans ce projet en créant le Comité du Souvenir de Grand Port.
LA BATAILLE DU GRAND PORT
Pour nous, Mauriciens d’origine française, la bataille du Grand Port aura été un événement marquant.
Non seulement elle figure sur l’Arc de Triomphe mais c’est également la seule victoire navale de L’Empire. Plus encore, pour nous c’est le dernier éclat de la présence française puisque, trois mois plus tard, les Anglais viendront assiéger l’île et que le Général Decaen devra capituler pour éviter un bain de sang, ses 4000 hommes ne pouvant résister aux 15 000 Anglais et Cipayes débarqués sur l’île.
Cette année, nous commémorions le bicentenaire de cette bataille. Le gouvernement mauricien avait décidé d’organiser de nombreuses manifestations. Chaque week-end pendant six semaines avait été attribué à un des pays ayant assuré le peuplement de Maurice pour illustrer l’événement.
La France devait assurer la « fermeture » des festivités
Présidente de l’UFE Curepipe et Conseillère élue à l’AFE
je me suis totalement investie dans ce projet
en créant le Comité du Souvenir de Grand Port
Nous avons donc imaginé faire installer une table d’orientation avec la position des bateaux ,à l’endroit même où Decaen regardait la bataille.
Pour ce faire, j’ai demandé et obtenu, grâce au Sénateur Joëlle GARRIAUD-MAYLAM, une subvention du Sénat qui, ajoutée à celle de l’Ambassade de France, nous a permis d’élever un superbe monument.
Je remercie d’ailleurs tout particulièrement notre Conseiller Culturel Yves-Alain CORPOREAU pour son indéfectible soutien.
Puis, après avoir conçu la trame d’un documentaire sur cet événement avec l’aide de la Société de l’histoire de l’ile Maurice, nous avons réussi à le faire réaliser grâce à Monsieur Thierry LAGESSE qui a retenu Gaspard de CHAVAGNAC à cet effet. Là aussi, je lui dis un grand merci.
Pour que la fête soit complète, j’ai sollicité l’Amiral Pierre-François FORISSIER, chef d’Etat Major de la Marine, qui a envoyé pour l’occasion « la Grandière » dans la rade de Mahébourg, lieu de la bataille.
Un détachement de marins est donc venu rendre les honneurs aux morts des deux camps en présence d’une délégation de députés français, menée par Jean-Pierre DOOR, représentant le Président SARKOZY, de Ewan ORMISTON, adjoint au Haut Commissaire anglais et de plusieurs ministres du Gouvernement mauricien. Cette émouvante cérémonie toucha tous les mauriciens présents.
M. Jean-Pierre DOOR, représentant M. Nicolas SARKOZY,
le Général de Brigade Jean-Marc NEBOUT, M. Yves-Alain CORPOREAU, Conseiller Culturel,
M. Jean BLATTES, Premier Conseiller auprès l’ambassade de France
Le Premier Ministre mauricien M. Navin RAMGOOLAM,
L’amiral Pierre-François FORISSIER, chef d’Etat major de la marine
et M. Hubert FALCO, Secrétaire d’État à la Défense et aux Anciens Combattants
M. Navin RAMGOOLAM, Premier Ministre, vint ensuite inaugurer la table d’orientation et célébra dans son discours « l’histoire une et indivisible de l’île Maurice« . Puis il se rendit à la présentation du film au cours d’une chaleureuse réception où les descendants des combattants de 1810 avaient été invités.
Un superbe spectacle pyrotechnique termina la soirée.
Nous avons été tous très émus par cette célébration car toutes les communautés présentes à Maurice se sont senties concernées et que, cette fois, la France a été vue comme une « mère fondatrice» et non comme une «occupante ».
Pour nous tous, cela a été la plus belle des victoires
Pour finir en beauté, M. Navin RAMGOOLAM, le 31 août, a déposé une gerbe à l’Arc de Triomphe, en souvenir des morts des deux camps et, pour l’occasion, le drapeau mauricien a flotté aux côtés des drapeaux des anciens combattants sous le nom même de Grand Port.
Puis il nous a réunis aux Invalides pour une brillante réception.
Discours de Michèle Malivel
devant le Premier Ministre mauricien
pour la présentation du documentaire
Monsieur le Premier Ministre,
Chers amis,
Ce n’est pas vraiment un discours, mais juste quelques mots pour vous dire le plaisir que nous avons à être entourés de vous tous ce soir.
Cette aventure a commencé par une interrogation entre amis : Qui d’entre nous avait un ancêtre présent au XVIIIeme siècle et ayant porté les armes en 1810 ? Nous en avions tous un. Puis nous nous sommes demandés combien de familles, présentes au XVIIIeme siècle et au moment des combats, avaient encore des descendants à Maurice. Devant l’ampleur du résultat, le comité du souvenir de Grand Port s’est constitué comprenant Thierry Lagesse, François de Grivel, Philippe La Hausse et moi-même. Et l’idée de ce film nous est venue. La Société de l’Histoire nous a aidés à le concevoir, Gaspard de Chavagnac, Renaud de St Mars, Éric Mauméjat et Fabrice Malivel l’ont mis en images. Je veux ici remercier du fond du cœur Thierry Lagesse qui m’a fait confiance et sans qui rien n’aurait été possible.
Imaginez le courage qu’il a fallu à ces premiers colons pour débarquer sur une terre abandonnée de tous ! Là, je voudrais que vous redonniez à ce mot « colon » son sens premier, c’est à dire « celui qui cultive » ; oubliez la connotation péjorative qui lui sera accolée au XIXeme siècle. À l’origine, ils sont venus sur cette escale de la route des Indes pour développer des cultures afin de ravitailler les bâteaux et créer un port indispensable aux voiliers de la Compagnie des Indes.
Ils n’ont rien pris, ils ont tout donné.
C’est à cette poignée d’Hommes que nous devons tous d’être là. Ils étaient aidés par leurs esclaves. C’est ensemble qu’ils ont défriché, planté et construit. Rien n’était facile, les cyclones emportaient les cultures, la malaria faisait des ravages, le ravitaillement était réduit, les fonds manquaient bien souvent. Mais ils ont persévéré et se sont battus pour développer cette terre, ce petit bout de France qu’était notre île. Puis, un jour, l’histoire a voulu que l’Angleterre y supplante la France mais en acceptant de conserver à l’île ses particularités d’origine. Maurice a pris un nouvel essor. Quelques années plus tard , ce fut au tour des Chinois et des engagés venus de l’Inde de se joindre aux premiers arrivants. Ensemble, tous ont œuvré pour que se vérifie la devise de notre île : même si elle n’en est plus la clef, Maurice est de plus en plus « l’étoile de la mer des Indes » et elle brille chaque jour davantage.
Nous avons choisi de nous entourer en partie ce soir des descendants de ces hommes venus principalement de Bretagne et de Normandie pour servir la France à l’autre bout du monde et rendre hommage à leur courage et à leur détermination. Les siècles ont passé, certains aujourd’hui ont un petit coin de France dans leur cœur, d’autres c’est une petit morceau d’Afrique, d’Inde, de Chine en même d’Angleterre et ils gardent les valeurs transmises par leurs aïeux venus d’ailleurs, c’est cela même qui fait notre force et notre richesse. Mais , par dessus tout, nous sommes tous fiers d’être Mauriciens. Nous savons que, tournés vers l’avenir, nous appartenons tous à une même terre, unique et multiple, généreuse et ouverte.
Et ce soir où nous saluons la victoire de la marine impériale et nous réjouissons de la présence de la marine française à nos côtés, nous disons encore une fois merci à ces aventuriers, ces travailleurs, ces soldats, ces corsaires, ces marins, et ces capitaines venus du monde entier qui n’ont pas ménagé leur peine pour faire d’une île déserte un des derniers paradis sur terre.